« Je me suis dit : “je ne peux pas faire ça” »
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Publié par cedric - le 18/09/2014

Après avoir annoncé son intention de démissionner en juin, le premier secrétaire landais du Parti socialiste est revenu sur sa décision. Il s’explique.

par audrey ludwig

a.ludwig@sudouest.fr

Ébranlé par la double défaite aux élections municipales et régionales, Renaud Lagrave, premier secrétaire départemental socialiste, avait annoncé en juin sa décision de démissionner « pour donner un signal ». Il revient sur ce revirement qui le fera rester jusqu'au prochain congrès national dont la date n'est toujours pas arrêtée.

« Sud Ouest ». Votre décision de démissionner avait surpris, mais celle de revenir aussi…

Renaud Lagrave. Oui, c'est certainement surprenant pour plein de gens dont ceux qui sont autour de moi. C'est simple, quand j'ai pris la décision de partir, je pensais qu'on aurait trois, quatre mois devant nous pour mettre les choses bien en place, avec une nouvelle équipe. Mais la semaine de la Rochelle (1) m'a servie d'électrochoc. Je me suis dit : « Je ne peux pas faire ça. » « D'un général, on n'attend pas des états d'âmes mais des états de service », dit la citation. Dans cette période, je crois qu'on attend ça… Je ne suis pas un fan de la provocation de Frangy-en-Bresse (allusion à MM. Montebourg et Hamon, NDLR) mais le contrecoup de tout ça est dévastateur. On est déjà divisé à gauche et on y remet d'autres coins. À La Rochelle, tout le monde se lâchait, provoquait, pour moi cela a été un paroxysme. Je m'étais dit que j'avais trois mois pour préparer la suite mais en fait, j'avais une semaine. Et c'était bien avant de savoir que les cantonales auraient lieu en mars, ce qui veut dire des désignations en novembre. C'est aujourd'hui un argument de plus.

Pourquoi la nouvelle équipe ne l'aurait pas mis en place aussi rapidement que vous ?

Ce n'est pas le sujet, je crois. Je voulais demander aux militants de voter pour un nouveau secrétaire mais aussi un nouveau texte, avec des thèmes, une charte, etc. À ce moment-là, je crois que c'était clairement hors sujet ! J'ajoute qu'au conseil fédéral du 1er septembre, certains m'ont demandé de rester. Ce n'était pas une demande d'Henri Emmanuelli, il l'a juste exprimée comme d'autres.

Démissionner en juin a-t-il été une erreur ?

C'était une très forte déception, un ras-le-bol et une somme de choses. On a perdu deux élections (municipales et régionales) et je le garde en tête. Je n'ai pas digéré mais le contexte politique m'a fait revenir dessus. À l'époque, c'était une décision individuelle, peu de gens étaient au courant, il fallait qu'il y ait un signal. Je ne le renie pas.

Et là, vous pensez envoyer quel signal avec ce retour ?

Je ne sais pas. Peut-être que certains vont être choqués, je peux le comprendre, je le conçois. Je fais ce choix en responsabilité. S'il n'y avait pas eu la demande du conseil fédéral, je ne l'aurais pas fait tout seul je pense.

Deux personnes étaient tentées pour présenter leur candidature, comment avez-vous géré cela ?

Trois ou quatre m'avaient fait part de leur réflexion. Mais on a annulé le calendrier du dépôt de candidature suite à ce conseil fédéral où il n'y avait d'ailleurs aucune candidature déposée. Et en conseil fédéral, personne ne s'y est opposé. On a débattu sereinement pendant trois heures entre pro Valls et autres, mais au moment de la question de mon maintien, il n'y a pas eu un mot.

Certains diront quand même que vous revenez parce que la soupe est bonne, que le pouvoir est difficile à lâcher…

Oui, je le comprends. Je peux seulement leur dire que les circonstances politiques et la bagarre qui s'annoncent méritent un investissement de tous. Je peux offrir une stabilité. Sans aucune prétention. C'est la chose qui m'a fait accepter. Maintenant, on a demandé un congrès rapidement et j'imagine – j'espère – qu'il aura lieu à la suite des cantonales, soit en mai ou juin.

Les cantonales en mars, c'est une élection dangereuse pour le PS landais ?

Non, pas dangereuse mais elle va être difficile oui, à cause du contexte politique et le nouveau mode de scrutin (2). Nous allons renouveler, impérativement. Pour certains, cela se fera naturellement, pour d'autres cela sera plus difficile.

(1) Université du PS à La Rochelle fin août. (2) En mars 2015, les conseillers départementaux (un binôme homme-femme) seront élus pour six ans et rééligibles. Dans les Landes, il y aura 15 cantons (au lieu de 30 actuellement).

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