Pour protester contre la fermeture de la classe unique, les élus de gauche sont allés jusqu’au clash.
N’allez surtout imaginer que c’est pour aller écouter Raymond Domenech annoncer la fin des espoirs de quelques stars du ballon rond que l’opposition a « marqué le coup »…
Ne riez surtout pas (comme Bertrand Tortigue ne s’en est ostensiblement pas privé…), c’est un sujet beaucoup plus sérieux que la liste de 23 footballeurs en partance pour l’Afrique du Sud. Même si c’est aussi une affaire de sous, plus ou moins gros bien sûr…
L’opposition municipale a donc frappé fort, hier soir, quand est venue sur la table la délibération numéro 16, celle concernant l’avis que devait donner le Conseil sur la fermeture de l’école du Manot.
Arguments budgétaires ?
Eliane Darteyron, l’élue en charge du dossier, avait pourtant préparé une belle prose. Échaudée par les tours pris lors des différentes réunions entre parents, enseignants et autres intervenants sur ce dossier brûlant, elle avait même « anticipé toutes les objections en soignant son propos », comme le reconnaîtra elle-même Michèle Peguy, enseignante et première intervenante sur la question pour l’opposition. « Il n’empêche, je ne peux vous laisser raconter n’importe quoi : il n’y a pas eu de réflexion collective concernant cette fermeture. » Et sans (trop) rentrer dans le débat pédagogique intéressant mais sans fin de la classe unique, l’élue de gauche de résumer la pensée des siens : « Vous savez bien que vos seuls arguments sont budgétaires. »
Comme elle en avait au préalable appelé « à l’intime conviction et au libre-arbitre » des élus de la majorité, on vous laisse imaginer avec quels éclairs dans les yeux les deux camps s’observaient avant le dernier round.
Lequel ne tardait plus. Malgré les quinze délibérations déjà votées et les dix à venir (lire notre édition de demain), le clash pointait. Surtout après l’intervention de Geneviève Darrieussecq, toujours droite dans ses bottes : « On prend nos responsabilités, on le dit, on le fait : nous sommes contraints sur le plan budgétaire à trouver des solutions. »
Des mots qui finissent de fâcher une opposition qui avait calculé son coup, les propos de leur porte-parole Renaud Lagrave ne laissent pas de doutes : « On ferme une école maternelle, un service public gratuit… Nous vous demandons donc de surseoir à la fermeture de cette école en attendant la concertation demandée par les acteurs du monde de l’éducation et de trouver les moyens financiers de la garder ouverte. Si vous maintenez cette délibération, nous serions amenés à quitter la séance. »
« Pour des guignols ! »
Un rien interloquée, Madame le maire pouvait toujours s’étonner, elle qui avait agi de la sorte à ses débuts à la CAM, quittant une séance devant le refus du président Jean-Pierre Jullian de retirer une délibération… « Je me demandais comment vous alliez attirer l’attention… » Le sourire en coin était-il de trop ? La réponse de Renaud Lagrave était sans équivoque. « Vous estimez que ce n’est pas grave, vous avez l’air de nous prendre pour des guignols ? Dont acte. Nous, on marque le coup. »
« Alors je vais vous dire au revoir, parce que je ne retirerai pas cette délibération. À force de grossir le trait et de caricaturer les débats, on frise l’irresponsabilité. Votre geste symbolique est inapproprié par rapport au sujet et à la gestion d’une municipalité. »
Et après avoir voté contre ce qui n’était « qu’un avis » – la délibération sur la fermeture étant programmée lors du prochain Conseil du 29 juin – l’opposition pouvait se lever comme un seul homme. « À votre place, nous n’aurions pas fermé cette école. »
En même temps, personne n’était non plus à la place de Raymond Domenech hier soir.