Alain Rousset, le président socialiste du Conseil régional d’Aquitaine, n’a pas choisi au hasard hier matin de visiter, dans un froid glacial, le site du futur laminoir du groupe Beltram. Une entreprise italienne qui, comme on le sait, a choisi de construire sur la zone portuaire de Tarnos une nouvelle usine de fabrication d’acier. Une arrivée qui, concrètement, se traduira, une fois la vitesse de croisière atteinte, par la création d’une centaine d’emplois directs et d’une cinquantaine d’autres de manière indirecte.
L’occasion de rappeler pour le président sortant et candidat à sa propre succession que l’emploi industriel est une composante à part entière de son bilan : « Le pari qu’on a fait en 1998 est un pari industriel. Nous avons créé une agence dédiée à l’accompagnement de ces projets avec un effort de recherche et de diversification. 138 000 emplois ont ainsi été créés. Et nous sommes passés de la 17e à la 3e place en fonction du nombre d’emplois et d’investisseurs internationaux. L’idée, c’était de faire de l’Aquitaine une des régions les plus attractives de France sur les nouveaux métiers industriels, notamment ceux qui intègrent beaucoup de matière grise, car demain, ce sont des emplois qui ne seront pas délocalisables. »
Revenu social de formation
Quant aux attaques formulées par Xavier Darcos, le chef de file de l’UMP, qui, lors de sa venue dans les Landes en janvier, avait indiqué que la gestion de la formation, l’une des compétences de la Région, ne « marchait pas en Aquitaine », Alain Rousset en reste médusé : « Je crois qu’il n’a pas les bonnes informations. Nous avons aujourd’hui 3 000 salariés qui sont en formation plutôt que d’être au chômage. Et nous allons tripler ce chiffre. »
Un plan de formation qui, rappelle-t-il, s’adresse en grande partie aux jeunes. « Notre premier défi, c’est de requalifier les jeunes qui sortent sans qualification. Pour eux, nous avons créé un revenu social de formation qui leur permet de s’inscrire mais aussi de se nourrir. 5 000 jeunes en bénéficient. Mais la formation, c’est aussi une individualisation des parcours. Il faut suivre les chômeurs de manière chirurgicale. Aujourd’hui, la formation professionnelle en Aquitaine permet à sept stagiaires sur dix de retrouver un emploi dans les six mois. »
Autre réponse apportée par Alain Rousset sur les attaques formulées par le Modem et l’UMP des Landes à propos de l’absence d’investissements de la Région dans les infrastructures routières (lire par ailleurs) : « Ils devraient savoir que les routes ne font pas partie de la compétence de la Région. La Région fournit un effort considérable sur la rénovation du réseau ferroviaire. La participation de la Région à LGV, c’est 600 millions d’euros, l’achat de trains neufs c’est 400 millions d’euros. Donc, il faut me dire à ce moment-là combien de lycées on supprime, combien de plans de formation on supprime, combien de trains on supprime ? Est-ce qu’on ferme la liaison Saint-Jean-Pied-de-Port – Bayonne, est-ce qu’on arrête la LGV ? La question, elle est là. Si on reprend les routes, on arrête la Ligne à grande vitesse et on arrête le TGV. Il faut qu’on m’explique. Ou alors on revient à la gestion RPR avant 1998 où la région Aquitaine était la plus endettée de France. »
Si la production d’acier du laminoir de Beltrame devrait débuter au premier semestre 2011, la zone portuaire de Tarnos espère aussi un autre projet industriel de ce type. Mais d’une tout autre ampleur. En l’occurrence, la construction de deux laminoirs jumeaux par les Catalans du groupe Celsa. Un projet dont on est sans nouvelle depuis plusieurs mois, mais au sujet duquel Alain Rousset a précisé hier matin qu’il n’était pas abandonné : « Ce projet avance. Les investisseurs ont rencontré Henri Emmanuelli. Peut-être que le dossier sera reformaté en fonction de leur commande et de leur activité, mais ils n’ont pas renoncé. »
À la base, ce projet portait sur l’investissement de près de 300 millions d’euros et la création de plus de 300 emplois.
Auteur : Jefferson Desport