Un Monde d’Avance : priorité au rassemblement
Publié par cedric - le 28/09/2009

Chemises blanches et cols ouverts, Henri Emmanuelli et Benoît Hamon les fondateurs d’Un Monde d’avance, avaient choisi la décontraction et la détente pour cette université de rentrée de la « gauche décomplexée » comme se qualifie l’UMA.

Sous un ciel estival, l’Université s’est tenue pendant trois jours jusqu’à hier midi à Vieux-Boucau. Réunions internes vendredi, tables rondes avec le NPA, les radicaux, les communistes et les Verts samedi pour terminer dimanche matin par le grand meeting à la salle des sports devant 1 500 personnes.

Les retards de trains de vendredi dus à l’accident sur la voie à Laluque (notre édition de samedi) ont contraint les organisateurs à différer d’une journée des interventions. C’est la raison pour laquelle Razi Amadi, responsable des jeunes socialistes, puis Bruno Julliard, secrétaire national à l’éducation et Carole de Haas, déléguée à la condition féminine ont ouvert le bal hier matin. À la tribune , le premier a évoqué le spectre de la privatisation de la Poste, le second a brossé un bilan de l’enseignement et la troisième a parlé du féminisme et de sa nécéssaire évolution.

L’ombre de Jaurès

Jean Jaurès, né il y a tout juste 150 ans aura été en quelque sorte le fil conducteur de cette rencontre. Avant l’intervention des deux fondateurs du mouvement, les militants ont eu droit au clip vidéo du groupe Zebda qui a repris la célèbre chanson de Jacques Brel « Pourquoi ont-ils tué Jaurès ». Dans la foulée, Henri Emmanuelli plus railleur que jamais, n’a pas manqué l’occasion de s’en remettre à Jaurès pour brocarder, comme il sait si bien le faire, le président de la République : « Jaurès dénonçait en 1905 « la loi du mensonge permanent qui passe ». Quelle prémonition ! Comment savait-il que Sarkozy serait là en 2009 ? » Voilà qui devait faire son petit effet dans la salle!

Plus sérieusement, le président du Conseil général des Landes est revenu sur le bilan de ces trois journées. « Nous avons fait la démonstration qu’un rassemblement de la gauche est possible […] si la gauche ne se rassemble pas et que la droite le fait, nous n’avons aucune chance de nous en sortir ». Reste que le rassemblement au sein même du Parti socialiste est encore à faire. Comme on pouvait s’y attendre, Henri Emmanuelli y est allé de sa petite pique à l’encontre de Ségolène Royal et de sa « démocratie participative »…

Avant de conclure son intervention de plus d’une demi-heure, Henri Emmanuelli a évoqué les grands thèmes du moment. La crise : « La crise financière a pris un coup sur la tête, mais pour ce qui de la crise sociale, le gros de la vague est devant nous avec une augmentation inévitable du chômage ». La taxe carbone : « Pas raisonnable et injuste parce que les utilisateurs de la voiture ou du chauffage au fuel n’ont pas d’alternative ». Les paradis fiscaux, le G 20 : « Pas très sérieux. »

« Un tournant pour nous… »

Satisfait également Benoît Hamon qui voit même dans ces journées de Vieux-Boucau un moment historique dans l’histoire de la gauche. « Cette Université de rentrée marque déjà un tournant pour nous » a-t-il résumé avant de se lancer dans une attaque en règle contre les médias, ou plus exactement « certains médias » qui ont choisi de ne pas couvrir ces journées, « alors que c’est la première fois qu’il y a un tel rassemblement de la gauche. » Et de nommer les titres des quotidiens et des chaînes de radio et de télévisions absentes. « Il y a des propriétaires de médias qui se comportent comme des auxiliaires du pouvoir. » Après ces propos peu nuancés, il est revenu sur le nécessaire rassemblement. « (En 2012) Sarkozy sait qu’il gagnera non pas sur son bilan, mais grâce à la division de la gauche. […] Chaque fois que nous nous sommes divisés, nous avons perdu les élections. » Mais Benoît Hamon ne veut pas d’un rassemblement de façade et encore moins de querelles intestines. « J’en ai marre de cette compétition féroce qui consiste à savoir qui au second tour va prendre une raclée face à Sarkozy… »