Direct de la gauche
Publié par cedric - le 06/10/2008


FÊTE DE LA ROSE. Samedi à Soustons, les militants landais ont écouté Benoît Hamon prôner une redéfinition à gauche du PS

C’est grave, docteur ? Oui, répondent les socialistes réunis à Soustons samedi, pour la Fête de la rose. À la tribune du meeting ce jour-là : le secrétaire fédéral Renaud Lagrave, suivi d’Henri Emmanuelli le grand patron et de Benoît Hamon, le député européen et poulain de cette aile gauche du parti, porteur de la motion « Un monde d’avance, reconstruire l’espoir à gauche » au congrès de Reims le mois prochain (où les militants doivent déterminer le projet politique du PS et élire un nouveau chef). Les orateurs ont établi samedi un double diagnostic : celui d’un système économique et pas très social en crise. Celui d’un PS dont la guerre de succession relègue les idées au second plan.

La France vit-elle une récession ? « Bien sûr que nous y sommes », martèle Henri Emmanuelli. « On est dans la bassine, dans le chaudron. » Pour ceux qui rougiraient encore devant le gros mot, le député fait appel à la rigueur de la science : « Le PIB du pays a connu deux trimestres de baisse successifs. C’est la définition de la récession par l’OCDE. » Voilà qu’en plus, le secteur bancaire américain déprime et la neurasthénie gagne le monde. Benoît Hamon fustige des « marchés financiers qui ont fini par ponctionner l’économie réelle (celle qui produit de l’emploi et de la richesse, NDLR) au lieu de la financer ».

Pour les socialistes de sa fibre, l’histoire arrive à un virage. Celui de la chute d’un système économique de l’impalpable, gangrené par la spéculation, le dumping fiscal. Selon Hamon et les siens, l’ère du capitalisme béat s’achève. Les libéraux, voire même les néolibéraux aujourd’hui, constatent la faillite de l’idée du marché régulateur naturel des rapports économiques et sociaux.

Socialisme vraiment de gauche.

« Un monde s’éteint », prophétise le candidat à la tête du PS. « Nous sommes dans l’interstice. » Soit le moment de reconstruire sur les cendres. Reste à savoir quoi et par qui. Benoît Hamon et ses « camarades » en ont une petite idée. Quoi ? Ces gouvernements libéraux (aux États-Unis, comme en France dans une autre mesure) qui reviennent à plus d’État, pour panser les dégâts de la crise actuelle, indiquent malgré eux la voie : « On constate que ces gouvernements de droite adoptent des réponses de gauche. »

Par qui ? Le Parti socialiste pardi. Sauf qu’avant cela, il y a le congrès de Reims et un sacré gros chantier. Renaud Lagrave parle de « cacophonie » en son sein. Henri Emmanuelli pointe les vilains médias qui font rien qu’à s’intéresser aux querelles de palais, mais reconnaît « qu’au bout du bout, la faute nous incombe ». De railler une certaine tiédeur des socialistes « bien-pensants » qui se disent de gauche, mais pas trop fort pour ne pas effrayer le bourgeois. « Il faut appeler un chat un chat ! » Et aussi retrouver « cohérence et homogénéité ».

Hamon ne dit pas autre chose quand il désigne les socialistes ralliés aux idées de Nicolas Sarkozy. Quand il pointe « le sentiment d’indifférence du PS » face aux problèmes des Français. Lui se présente comme l’aspirant du renouvellement hors des cercles traditionnels du pouvoir socialiste, du pouvoir en général (ENA notamment). Le candidat contre le compromis centriste. Bref, d’un socialisme vraiment de gauche.

Auteur : Pierre Penin