MUNICIPALES. —Salle comble, hier soir, à l’Auberge landaise, pour le maire sortant qui a présenté au public ses colistiers et ainsi boosté sa campagne
:Jean-Pierre Dorian |
Philippe Labeyrie n’aime pas le Fouquet’s. Le contraire eut été étonnant, mais le maire sortant a très vite tenu à le préciser, hier soir, après avoir commencé par s’avouer « assez ému et contracté » à l’instant de faire face à la salle comble qui l’attendait pour publiquement présenter sa liste et ainsi démarrer pied au plancher sa campagne municipale.
Lui, son truc, c’est l’Auberge landaise. « Nous, on fait dans le classique et on aime ça, on ne va ni au Fouquet’s, ni en discothèque, à la Villa…» Ça ne vous rappelle rien, la Villa ? L’endroit où Geneviève Darrieussecq, cette adversaire dont il ne prononcera jamais le nom, avait pareillement présenté sa liste au public, le 25 janvier dernier.
Sa liste, Philippe Labeyrie l’avait le premier et depuis belle lurette annoncée à la presse, le 29 novembre dernier. Alors c’est sans en rajouter et avec son sempiternel ton bourru et bon enfant qu’il a passé le micro à ses 35 colistiers, «parce qu’ils sont assez grands pour se présenter tout seuls ».
Trombinoscope vivant. Un trombinoscope vivant qui a permis au maître de cérémonie de souligner combien son équipe était renouvelée (18 nouveaux venus) et rajeunie, avec 4 jeunes femmes de moins de 30 ans en lice. Politisée aussi, puisqu’après 25 ans à la tête de la ville et à l’instant de partir à la conquête de son cinquième mandat, le meneur de revue de « Mont-de-Marsan, ville d’avenir » réussit l’exploit de réunir derrière lui les principaux responsables politiques de son camp : de Renaud Lagrave, premier fédéral du Parti Socaliste à Alain Baché, son équivalent du PCF, en passant par Jean-Philippe Guérini pour les Radicaux de gauche, ils sont venus, ils sont tous là. Avec une idée en tête, défendue par tous : « porter les valeurs de gauche, face à des gens qui n’ont pas la même vision de la société que nous ».
Alain Baché, le premier, pourra donc s’autoriser à passer à l’assaut, « pour démasquer le Chevalier Bayard et son écuyère Darrieussecq », avant que tous les autres représentants venus de la société civile, que Labeyrie a si astucieusement ralliés à son panache blanc, n’y aillent de leur couplet louangeur sur le leader.
De quoi donner l’occasion au héros de la soirée de se lâcher, en s’adressant à son épouse présente au premier rang : « j’espère qu’elle a bien entendu tous les éloges qui m’ont été adressés. Et surtout qu’elle ne les oublie pas ».
Sa « liste de modernité, pleine d’intelligence et de talent », il en est donc d’autant plus fier que « ceux-là, ils sont tous de Mont-de-Marsan, pas besoin d’aller les chercher sur la côte basque ». Et en-avant pour un couplet sur un adversaire venu d’Anglet (ndlr : Hervé Bayard, bien sûr), « où les impôts locaux sont bien plus élevés qu’ici. Alors laissons-le à Anglet ».
Comique de répétition. C’est ainsi, en maniant avec délectation le comique de répétition, que Philippe Labeyrie poursuit son récital, plus d’une heure et demie durant. « Il paraît que je suis un despote, un Ceaucescu et que Mont-de-Marsan est la ville de la peur ! Demandez à tous ceux-là, si je leur fais peur, malgré ma grosse voix ». Sourires entendus ou rires appuyés, applaudissements : l’auditoire conquis d’avance se régale.
Même récemment hospitalisé pour cause de bronchite chronique, le bonhomme ne s’essoufle pas. Il se jette même d’autant plus goûlument dans son bilan qu’on ne lui reprocherait qu’une chose : « n’avoir rien fait ! » Et de se tourner vers ses colistiers survivants : « on a dû jouer au tarot pendant 7 ans. Et la plate-forme sociale, la communauté d’agglo, l’opération Bosquet, la médiathèque, le centre pénitentiaire ? C’est rien, ça s’est fait tout seul, nous, on n’a rien fait ! »
Et puis il y a Intervilles. Ah, Intervilles. « Il y en a qui rigolent, mais en terme médiatique, passer autant d’heures à la télé, ça n’est pas rien ! »
Allez, cette fois, c’est sûr, Philippe Labeyrie est lancé : « excusez-nous, mais il se trouve que j’ai un programme. Et tenez-vous bien : on a même l’intention de l’appliquer ».
« Excusez moi si j’ai un programme, un programme qu’on a bien l’intention d’appliquer. » Philippe Labeyrie avait hier soir gardé le meilleur pour la fin. En vrac, il mentionne Pémégnan, ce quartier qui va être révolutionné par l’implantation du nouveau centre pénitencier. « Cela représente 10 millions d’euros par an injectés dans l’économie locale. » Il évoque aussi le centre-ville, le quartier Nord, la création d’un skate park, « on dit street park », la rénovation du stade Guy-Boniface, « les travaux nécessaires vont être répertoriés et on les programmera », l’aménagement de la rocade qu’il souhaite voir passer assez largement au Sud, l’accueil de la petite enfance « afin qu’il n’y ait plus un parent qui ne puisse faire garder son enfant de façon correcte »?Le gros morceau, celui qui doit faire rêver les Montois, c’est le réseau de géothermie qui va être prolongé vers le Nord et dont l’eau chaude, outre Sainte-Anne, la base aérienne et la résidence Hélène-Boucher, servira à alimenter une aquasphère, des cultures sous serres, une pisciculture, un parc public de 5 à 10 hectares avec des espaces boisés, un cheminement, une aire de jeux pour enfants?