« où est la droite ? »
Publié par cedric - le 28/02/2008
HENRI EMMANUELLI. —En vue des cantonales, le président du Conseil général n’est pas inquiet pour sa majorité, malgré le couac de Sore. Et il appelle au débat !
« Sud Ouest ». Quel est votre sentiment sur le cas de Jean-Marie Boudey à Sore (1) : la responsabilité est-elle individuelle ou du ressort de la fédération du PS ?
Henri Emmanuelli. Je trouve cela regrettable, mais il y a là matière à tout, sauf à polémiquer. Je conçois que Jean-Marie Boudey soit atteint, c’est certes difficile à comprendre ou à accepter, mais il est inutile de chercher des responsables chez les uns ou les autres. Tous les papiers étaient là, je suis simplement étonné que le tribunal n’ait pas pris acte du fait que la mairie d’Argelouse était fermée ce jour-là. Il y a eu dysfonctionnement et faute d’inattention, mais à l’arrivée, je regrette surtout que l’on ait sur ce canton une élection quasi non-représentative.
Comment imaginez-vous ce scrutin cantonal : toujours plus favorable à la gauche ?
Je pense que la majorité dans les Landes n’est pas menacée… Ce sont les Landaises et les Landais qui votent et jusqu’à ce jour, il y a vingt-six conseillers généraux PS et deux PC qui font leur travail. Et puis il y a deux représentants de l’opposition à qui je donne la parole et qui ne la prennent pas. Il n’y a pas de vrai débat avec nos opposants : ils votent tout. Sur les dix dernières années, le seul vrai reproche qui m’ait été adressé, ce sont les 10 000 euros de subvention pour le centenaire de l’UNEF (2)?
Est-ce vraiment le seul ?
Les autres ressortent de la rumeur, du ragot. Comme la LGV, qui traverserait la Chalosse : mais non ! Le trajet Est l’a emporté et pour la desserte des Pyrénées-Atlantiques, je ne suis informé de rien. Quant à la gare, on saura dans un ou deux ans où elle sera implantée. Il y a Atlantisud aussi, qui menacerait de ruiner Dax : mais que je sache, ce n’est pas moi qui aie construit le mail à Saint-Paul-lès-Dax ! Et j’ai l’habitude d’être attentif aux intérêts de tous dans les Landes.
Selon la droite, le débat serait « étouffé » dans le département ?
Ce n’est pas à moi de répondre à ça. L’absence de débat démocratique, je la regrette. Moi, j’essaie de tirer les wagons, peut-on me le reprocher ? Du coup, les seules critiques portent sur ma personne : il y aurait une chape de plomb sur ce département. Mais je n’empêche personne de parler !
C’est pourtant vous qui avez parlé d’ortolans?
Si ce genre de mot, plutôt aimable, a tant d’importance, c’est parce qu’il sert à cacher un immense vide dans la pensée. Pendant ce temps, où est l’UMP, où est la droite ?
Les Landes, bastion du PS, ça vous plaît comme idée ?
Je n’aime pas le mot bastion. Nous n’avons pas vocation à être un musée, plutôt un phare qui éclaire. On n’est pas là pour entretenir une réserve d’Indiens, comme l’avait dit en son temps Xavier Darcos. Je lui avais d’ailleurs répondu que le conseil des sages s’était réuni et avait décrété que lui n’était pas une flèche.
Ces cantonales ne sont-elles pas trop occultées par les municipales ?
Je regrette que la simultanéité avec les Municipales fasse que le débat départemental n’existe pas. Pourtant, un budget de 420 millions d’euros, ça vaudrait qu’on en parle un peu, non ?
Les Conseils généraux supprimés, comme le préconisait le rapport Attali, vous y croyez ?
Ce n’est même pas la peine d’en discuter, ceux qui disent cela ne savent pas de quoi ils parlent : comment ferait-on autrement ? Le département est une institution politique forte, très installée. En revanche, je pense que le mode de désignation des conseillers généraux est désuet. Il faudrait rendre les cantonales plus visibles, en finir avec ce renouvellement par moitié : tout le monde en même temps avec un chef de file, comme aux régionales.
Quand vous appelez au débat, sur quoi aimeriez-vous le voir porter ?
Le département des Landes vit une situation inverse par rapport au siècle dernier. Nous sommes passés, dans les années 90, d’une situation de défense pour lutter contre la désertification, l’exode rural, la fermeture des écoles à une nouvelle donne, avec un territoire désormais très convoité, un afflux important de population et une forte pression immobilière. Soit on laisse faire et on attend que ça vienne, soit on décide d’anticiper. Et là, oui, j’aurais aimé qu’il y ait débat sur la manière d’anticiper. Notre projet Landes 2040 répond à cela : peu de départements essaient de précéder les erreurs à ne pas commettre. Avec notre situation géographique privilégiée, nous avons le devoir d’être inscrit dans l’avenir. Faut-il reculer l’urbanisation de 20 ou 30 kilomètres par rapport à la Côte ? Créer un nouvel axe de circulation entre la route des lacs et la future autoroute A 63 ? L’aménagement du territoire, c’est crucial.
Vous parlez souvent du désengagement de l’État. Jusqu’à quand aurez-vous les moyens de le compenser ?
La vraie difficulté, c’est de ne pas payer à la place des autres. Si on est un des trois départements les moins endettés de France, c’est parce qu’on a su rembourser au bon moment. Avec une dette de 25 euros par habitant et des taux d’imposition qui ne bougent pas depuis trois ans, ça veut surtout dire qu’on en a sous la pédale et que des investissements lourds sont possibles. On parle de système Emmanuelli, mais s’il y a une chose dont je suis sûr, c’est bien que la droite ne va pas me faire un procès sur la gestion?
À quel point, selon vous, ces élections vont-elles être marquées par le climat national ?
Ce n’est pas la peine d’user la philosophie : on ne convoque pas l’ensemble des citoyens aux urnes sans que ça ait une signification. Le facteur local joue sans doute, mais il n’est jamais à l’abri du climat national. Les gens ne se coupent pas en deux.
Êtes-vous de ceux qui croient au triomphe annoncé du PS ?
À nous à ne pas nous tromper d’interprétation, de ne pas en conclure que tous les problèmes seraient réglés du jour au lendemain, comme on l’a fait en 2004. En cas de succès, il ne faudrait pas que nous, socialistes, confondions les déboires de l’UMP avec la renaissance du PS. Ce serait une occasion manquée et les gens n’apprécieraient pas. Si nous venons à gagner des villes et des départements, cela voudra simplement dire que l’on nous appelle au sérieux. Et le sérieux, c’est avoir un minimum de ligne directrice sur les projets importants, que l’on explique au moins aux gens d’une seule voix où est le Nord et où est le Sud.
(1) Le conseiller général sortant du canton de Sore n’a pu se présenter pour les élections des 9 et 16 mars en raison d’un retard administratif (lire nos précédentes éditions). (2) L’Union nationale des étudiants de France, proche du PS.
:Propos recueillis par Jean-Pierre Dorian |
« Sud Ouest ». Quel est votre sentiment sur le cas de Jean-Marie Boudey à Sore (1) : la responsabilité est-elle individuelle ou du ressort de la fédération du PS ?
Henri Emmanuelli. Je trouve cela regrettable, mais il y a là matière à tout, sauf à polémiquer. Je conçois que Jean-Marie Boudey soit atteint, c’est certes difficile à comprendre ou à accepter, mais il est inutile de chercher des responsables chez les uns ou les autres. Tous les papiers étaient là, je suis simplement étonné que le tribunal n’ait pas pris acte du fait que la mairie d’Argelouse était fermée ce jour-là. Il y a eu dysfonctionnement et faute d’inattention, mais à l’arrivée, je regrette surtout que l’on ait sur ce canton une élection quasi non-représentative.
Comment imaginez-vous ce scrutin cantonal : toujours plus favorable à la gauche ?
Je pense que la majorité dans les Landes n’est pas menacée… Ce sont les Landaises et les Landais qui votent et jusqu’à ce jour, il y a vingt-six conseillers généraux PS et deux PC qui font leur travail. Et puis il y a deux représentants de l’opposition à qui je donne la parole et qui ne la prennent pas. Il n’y a pas de vrai débat avec nos opposants : ils votent tout. Sur les dix dernières années, le seul vrai reproche qui m’ait été adressé, ce sont les 10 000 euros de subvention pour le centenaire de l’UNEF (2)?
Est-ce vraiment le seul ?
Les autres ressortent de la rumeur, du ragot. Comme la LGV, qui traverserait la Chalosse : mais non ! Le trajet Est l’a emporté et pour la desserte des Pyrénées-Atlantiques, je ne suis informé de rien. Quant à la gare, on saura dans un ou deux ans où elle sera implantée. Il y a Atlantisud aussi, qui menacerait de ruiner Dax : mais que je sache, ce n’est pas moi qui aie construit le mail à Saint-Paul-lès-Dax ! Et j’ai l’habitude d’être attentif aux intérêts de tous dans les Landes.
Selon la droite, le débat serait « étouffé » dans le département ?
Ce n’est pas à moi de répondre à ça. L’absence de débat démocratique, je la regrette. Moi, j’essaie de tirer les wagons, peut-on me le reprocher ? Du coup, les seules critiques portent sur ma personne : il y aurait une chape de plomb sur ce département. Mais je n’empêche personne de parler !
C’est pourtant vous qui avez parlé d’ortolans?
Si ce genre de mot, plutôt aimable, a tant d’importance, c’est parce qu’il sert à cacher un immense vide dans la pensée. Pendant ce temps, où est l’UMP, où est la droite ?
Les Landes, bastion du PS, ça vous plaît comme idée ?
Je n’aime pas le mot bastion. Nous n’avons pas vocation à être un musée, plutôt un phare qui éclaire. On n’est pas là pour entretenir une réserve d’Indiens, comme l’avait dit en son temps Xavier Darcos. Je lui avais d’ailleurs répondu que le conseil des sages s’était réuni et avait décrété que lui n’était pas une flèche.
Ces cantonales ne sont-elles pas trop occultées par les municipales ?
Je regrette que la simultanéité avec les Municipales fasse que le débat départemental n’existe pas. Pourtant, un budget de 420 millions d’euros, ça vaudrait qu’on en parle un peu, non ?
Les Conseils généraux supprimés, comme le préconisait le rapport Attali, vous y croyez ?
Ce n’est même pas la peine d’en discuter, ceux qui disent cela ne savent pas de quoi ils parlent : comment ferait-on autrement ? Le département est une institution politique forte, très installée. En revanche, je pense que le mode de désignation des conseillers généraux est désuet. Il faudrait rendre les cantonales plus visibles, en finir avec ce renouvellement par moitié : tout le monde en même temps avec un chef de file, comme aux régionales.
Quand vous appelez au débat, sur quoi aimeriez-vous le voir porter ?
Le département des Landes vit une situation inverse par rapport au siècle dernier. Nous sommes passés, dans les années 90, d’une situation de défense pour lutter contre la désertification, l’exode rural, la fermeture des écoles à une nouvelle donne, avec un territoire désormais très convoité, un afflux important de population et une forte pression immobilière. Soit on laisse faire et on attend que ça vienne, soit on décide d’anticiper. Et là, oui, j’aurais aimé qu’il y ait débat sur la manière d’anticiper. Notre projet Landes 2040 répond à cela : peu de départements essaient de précéder les erreurs à ne pas commettre. Avec notre situation géographique privilégiée, nous avons le devoir d’être inscrit dans l’avenir. Faut-il reculer l’urbanisation de 20 ou 30 kilomètres par rapport à la Côte ? Créer un nouvel axe de circulation entre la route des lacs et la future autoroute A 63 ? L’aménagement du territoire, c’est crucial.
Vous parlez souvent du désengagement de l’État. Jusqu’à quand aurez-vous les moyens de le compenser ?
La vraie difficulté, c’est de ne pas payer à la place des autres. Si on est un des trois départements les moins endettés de France, c’est parce qu’on a su rembourser au bon moment. Avec une dette de 25 euros par habitant et des taux d’imposition qui ne bougent pas depuis trois ans, ça veut surtout dire qu’on en a sous la pédale et que des investissements lourds sont possibles. On parle de système Emmanuelli, mais s’il y a une chose dont je suis sûr, c’est bien que la droite ne va pas me faire un procès sur la gestion?
À quel point, selon vous, ces élections vont-elles être marquées par le climat national ?
Ce n’est pas la peine d’user la philosophie : on ne convoque pas l’ensemble des citoyens aux urnes sans que ça ait une signification. Le facteur local joue sans doute, mais il n’est jamais à l’abri du climat national. Les gens ne se coupent pas en deux.
Êtes-vous de ceux qui croient au triomphe annoncé du PS ?
À nous à ne pas nous tromper d’interprétation, de ne pas en conclure que tous les problèmes seraient réglés du jour au lendemain, comme on l’a fait en 2004. En cas de succès, il ne faudrait pas que nous, socialistes, confondions les déboires de l’UMP avec la renaissance du PS. Ce serait une occasion manquée et les gens n’apprécieraient pas. Si nous venons à gagner des villes et des départements, cela voudra simplement dire que l’on nous appelle au sérieux. Et le sérieux, c’est avoir un minimum de ligne directrice sur les projets importants, que l’on explique au moins aux gens d’une seule voix où est le Nord et où est le Sud.
(1) Le conseiller général sortant du canton de Sore n’a pu se présenter pour les élections des 9 et 16 mars en raison d’un retard administratif (lire nos précédentes éditions). (2) L’Union nationale des étudiants de France, proche du PS.