Le feu à la CAM
Publié par cedric - le 04/04/2008

CONSEIL MUNICIPAL. –Hier soir, Geneviève Darrieussecq a semé la confusion en ne réservant qu’un siège à l’oposition pour la Communauté d’Agglomération.

Par Jean Pierre Dorian, journal Sud Ouest

Jusque-là, tout s’était très bien passé. Jusqu’au projet de délibération numéro 33 de l’ordre du jour de ce premier « vrai » Conseil municipal de l’ère Darrieussecq. Son intitulé ? « Désignation des délégués du Cnseil municipal à la Communauté d’Agglomération du Marsan (CAM) ».
Il est 19 h 50, les votes se sont succédé à la vitesse du son et là, patatras ! L’équilibre (fragile) parti pour régner, entre une opposition « constructive » (qui a voté précédemment sans broncher et à main levée toutes les autres délibérations) et la majorité de madame le maire, se brise. Net. Sur les 21 délégués titulaires à désigner pour la CAM, Geneviève Darrieussecq n’en propose qu’un seul aux huit conseillers de gauche, assis à sa droite.
Brouhaha dans les rangs et fausse-surprise doublée d’une vraie indignation du porte-parole de l’opposition, Renaud Lagrave, en fait prévenu une heure plus tôt et  »scotché » par ce coup de massue. « En 2001, lors de la création de la CAM et alors que les deux listes qui faisaient face à M. Labeyrie avaient cumulé 45 % des voix, le maire leur avait offert quatre postes à la CAM, deux à chaque liste. Aujourd’hui, vous ne proposez qu’un seul siège à une liste unique qui a obtenu 48 %. C’est une attitude qui ne me semble pas très en rapport avec vos promesses de campagne. »

« Proposition choquante ». Ainsi interpellée, Madame le maire ne se démonte pas, sans toutefois se montrer très à l’aise. « C’est un choix fort, que nous assumons. La loi ne nous oblige pas à donner un poste à l’opposition, nous vous en proposons un par honnêteté, mais je ne tiens pas à faire de cette représentation une tribune politique. » Désolé, c’est raté.
À bon droit, l’opposition se faufile en effet dans la brèche. Avant de demander une interruption de séance et d’exiger le vote à bulletins secrets, d’autres conseillers municipaux évacuent ainsi le rouge qui vient de leur monter aux oreilles. À commencer par Alain Baché, élu communiste en verve. « Vos explications ne nous convainquent pas. Vous parlez de proportionnelle et vous ne la respectez pas, votre proposition est choquante. Vous démontrez ainsi la façon dont vous entendez diriger cette ville : en en imposant. »
Agacée, mais pas ébranlée, Darrieussecq reprend la main. « Ce qui aurait été choquant, c’est que vous n’ayez eu aucun poste. Je vous fais cette proposition et je n’y reviendrai pas. »

Pavé dans la mare. Jean-Philippe Guérini, élu radical, peut en remettre une couche : « À ceux qui ont eu la naïveté de vous croire, je rappellerai que vous avez été jusqu’à traiter de  »tyran » celui qui avait proposé quatre sièges à son opposition en 2001. Voilà les Montoises et les Montois remis face à la réalité. »
Le « sans commentaires » lâché alors par Geneviève Darrieussecq met fin à la passe d’armes. Lors du vote qui suit, à bulletins secrets, la gauche a beau tenter de proposer six noms supplémentaires pour pallier au manque de suppléants (1), rien ne bouge : seul Renaud Lagrave siégera à la CAM aux côtés des 20 représentants de la liste Darrieussecq (lire ci-contre). « Elle vient de commettre un inadmissible acte d’exclusion politique », peut commenter le leader de l’opposition.
Un acte politique, c’est certain. car tout le monde est en droit de s’interroger : à quoi joue le maire de Mont-de-Marsan ? Elle qui a encore répété hier soir ne pas vouloir faire de  »politique politicienne » a bel et bien lancé un signal fort. Voire un pavé dans la mare. Au point de vouloir prendre la CAM des mains de Jean-Pierre Jullian, maire PS de Saint-Pierre-du-Mont ? Mais pourquoi n’a-t-elle pas alors choisi de garder ses 21 élus potentiels ? Et si elle voulait seulement, comme elle le dit, arriver en force pour « défendre les dossiers de Mont-de-Marsan », 17 élus au lieu des 20 qu’elle s’est choisie n’auraient-ils pas suffi ? Autant de questions qui vont faire jaser ces jours prochains.
(1) Paradoxe de la loi, qui impose d’avoir 21 titulaires et 21 suppléants, soit un total de 42 élus, quand Mont-de-Marsan n’en compte que 35?