Les mêmes valeurs
Publié par cedric - le 07/07/2008

TARNOS. –Dans le cadre de sa traditionnelle Fête des pins, le parti communiste avait convié hier à débattre plusieurs leaders politiques et syndicaux de gauche

:Emma Saint-Genez

«Révolutionnaires, constructifs et ouverts ». Ainsi se définissent « les communistes du XXIe siècle » sur la banderole déployée ce week-end dans le parc de la Nature de Tarnos où se déroulait la Fête des pins.
Dans la lignée de cette ouverture tant prônée à droite lors des dernières échéances électorales, le secrétaire départemental du PC, Alain Baché, avait invité hier matin les responsables d’autres partis politiques de gauche et des militants syndicaux pour un débat sur le thème : « Des luttes d’hier à celles d’aujourd’hui, quelles perspectives politiques ? »

1968. D’abord le constat, amer : le combat, qu’il soit dans les rues ou les travées de l’Assemblée nationale, ne paie plus. Et ce alors même qu’on commémore avec bruit et nostalgie les manifestations monstres de 1968. « Nous ne sommes plus dans les mêmes conditions », souligne Jacques Corrilhons, secrétaire départemental de la CGT. Désunion syndicale, fonds de pension anonymes en lieu et place du patron, adversaire traditionnel, mais localisable et identifié?
Les militants ont « l’impression de s’attaquer à une montagne beaucoup trop grande » commente Philippe Miquel, délégué départemental de la FSU. « Nous sommes confrontés à un gouvernement qui attaque sur tous les fronts en même temps. De l’autre côté, nous n’avons plus d’alternative politique immédiate. Et cela fait un moment que nous n’avons pas gagné. Deux ans à faire des grèves sans avoir rien obtenu »
Pourtant, selon Renaud Lagrave, premier secrétaire fédéral du PS, le mouvement social précèdera toujours l’action politique. « Nous avons besoin des luttes syndicales pour avancer. L’ensemble de la gauche se trouve à un moment charnière. Aujourd’hui, ce n’est pas tellement de débats dont nous avons besoin, mais de volonté politique ».
Loi de modernisation sociale, réforme imposée de l’Éducation nationale… L’inquiétude est un très bon dopant pour ne pas céder au découragement. « Nous avons face à nous une droite qui a un vrai et cohérent projet de société, analyse Eliane Assassi, sénatrice communiste de Seine-Saint-Denis. Je viens d’un département où la population subit tous les coups de cette politique, qui évacue complètement le débat d’idées. C’est sur ce point-là que Sarkozy peut être battu. La gauche est mal en point, mais elle a des idées. Et les réponses de société, elles sont dans la société et pas ailleurs ».

Union nécessaire. Applaudissements spontanés pour Claude Cabanes lorsque l’ ancien rédacteur-en-chef de « L’Humanité » récuse la disparition du mot « communiste ». « Sans l’unité de la gauche, on ne peut rien faire de fondamental dans ce pays. Le combat que nous avons perdu, c’est celui des valeurs » L’appel au rassemblement n’empêche pas le journaliste communiste d’envoyer une pierre dans le jardin du maire de Paris, Bertrand Delanoë, sans le nommer : « On ne peut pas marier socialisme et libéralisme ».
Pour le Mouvement républicain et citoyen, Xavier Dumoulin milite aussi haut et très fort dans le micro pour « un parti de toute la gauche » : « Nous devons trouver une voie entre une gauche gestionnaire et molle et une gauche radicale à fonction tribunicienne ». Allusion implicite à la LCR et au nouveau parti anticapitaliste voulu par Olivier Besancenot.
Point de vue partagé par Jean-Philippe Guérini, vice-président départemental des Radicaux de gauche, qui s’appuie sur la cuisante défaite enregistrée aux municipales montoises : « Nous devons repenser un grand mouvement de gauche. Parce que la gestion de droite n’a rien à voir avec celle menée à gauche. Si nous nous étions un peu plus parlé avant, nous n’en serions peut-être pas là aujourd’hui ».
Au même moment à Sanguinet, l’association Objectifs Kollectifs organisait le festival « Gemme la résistance » avec une myriade de partis et d’associations dont la LCR et les Verts (voir nos prochaines éditions). Aucun des intervenants tarnosiens n’était au courant. Le dialogue a effectivement de beaux jours devant lui.