FÊTE DE LA ROSE. Le Parti socialiste landais est en fête, aujourd’hui, à Soustons. L’occasion pour Renaud Lagrave, premier secrétaire fédéral, d’afficher clairement son soutien à Benoît Hamon, invité du jour
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On a beaucoup parlé du Parti socialiste ces derniers temps. Et on en parlera encore beaucoup ces jours prochains. Mais ce que souhaiteraient militants et sympathisants, c’est qu’on en (re) parle enfin en bien. Pour cesser d’entendre « 67 % des Français penser que le PS n’est pas crédible et n’a pas de projet », comme le souligne en retournant sciemment le couteau dans la plaie Renaud Lagrave.
Un premier secrétaire fédéral tout sauf résigné, à la veille de la Fête de la Rose, rassemblement de retour sur les terres historiques de Soustons (vous savez, près de Latche)… C’est de là que le PS landais entend participer à la « reconquête », notamment à travers ce « monde d’avance » qui sert de nom de scène au texte porté par Benoît Hamon, figurant parmi les six encore en lice en vue du fameux congrès de Reims (1). Hamon en tête, Henri Emmanuelli pour l’épauler et Renaud Lagrave à leurs côtés : ce trio animera un meeting qui veut de nouveau rendre ce parti « audible ». Et surtout l’ancrer de manière plus ferme à gauche.
« Sud Ouest ». En pleine crise économique, entendre parler de « régulation » inspire quelle remarque à un socialiste ?
Renaud Lagrave. Dans une situation pareille, c’est une amère victoire que d’avoir eu raison avant les autres. D’autant que là, on est bien au-delà de la régulation et de la main invisible de l’État, on est en plein interventionnisme politique. Mais il ne faudrait pas non plus nationaliser les pertes après avoir privatisé les profits. On voit que l’on est au bout d’un processus, où le tout-libéral produit des richesses mais ne les redistribue pas. Franchement, j’ai l’impression de ne voir autour de moi que des Français abasourdis.
Faites-vous partie de ceux qui craignent pour l’avenir proche ?
Mais la France est en récession, ça y est, on touche le fond ! Et là, le bouclier fiscal à 15 milliards d’euros prend toute sa symbolique… Les Français n’en peuvent plus, après une rentrée où 60 000 postes d’enseignants ont été supprimés en 5 ans, la question du RSA – de son financement mais aussi de sa nature-même – sans parler du fichier Edvige, ni même du fait qu’il vaille mieux avoir une villa en Corse pour être sûr d’être protégé… Et que dire de la tirade sur la « laïcité positive » : tout cela est insupportable. On a un moment parlé de clignotants, mais là, c’est désormais évident : tous les feux sont au rouge.
Mais que fait le PS pendant ce temps ?
On n’a jamais eu autant de militants et d’élus et parallèlement, le PS n’a jamais été aussi faible en terme d’opposition… Dans le contexte que l’on vient de décrire, je ne peux pas me satisfaire d’entendre Fillon dire « la droite a gagné la bataille des idées ». La gauche n’a pas mené cette bataille, ils l’ont gagnée par défaut, à cause de notre cacophonie interne ! Il faut arrêter cela : quand je repense au festival (sic) de La Rochelle (ndlr : l’université d’été du PS), c’était vraiment un spectacle peu recommandable. Tous les militants ont beaucoup travaillé dans les commissions et à la sortie, il n’y a que frustration et révolte contre tous ces responsables socialistes qui ne parlent que d’eux-mêmes…
Vous êtes particulièrement critique à l’égard de votre Parti ?
Il est temps de l’être. Pour moi, ce Parti a sûrement vécu, en l’état. Reims 2008 peut ressembler à Epinay 1971. Il est temps que la gauche se souvienne qu’elle n’a jamais été élue dans ce pays sans avoir fait d’abord l’union de la gauche. Pourquoi raflons-nous tout au niveau local et échouons-nous au niveau national ? Parce que nous ne rassemblons pas.
Le texte défendu par Benoit Hamon et fortement inspiré par Henri Emmanuelli peut-il rassembler ?
Il faut être clair : ce texte que j’ai signé et que je défends soir après soir est là pour changer le centre de gravité du PS. Avec l’envie d’en prendre la direction, si nous le pouvons. Il faut trancher le débat, arrêter le jeu des petites phrases, changer la ligne et l’orientation du PS. Il est temps pour les socialistes d’arrêter d’accompagner le libéralisme économique, c’est sur ce sujet-là que les Français nous attendent.
Plus que jamais à gauche, donc, selon vous ?
Si certains veulent que le coucou du Modem vienne faire son nid au PS, qu’ils l’écrivent dans leur texte… Moi, je n’ai pas d’états d’âme à dire que je n’ai jamais eu d’ennemis à gauche, même très à ma gauche… Face à ce gouvernement, il faut une vraie cohérence et embrayer la marche avant. Je suis persuadé qu’avec un PS audible et organisé, aujourd’hui, le pays peut être retourné.
(1) Du 14 au 16 novembre prochain. D’ici là, les militants landais auront voté dans toutes les sections le 6 novembre, avant que le congrès fédéral départemental ne se déroule à Tartas le 8 novembre.
Auteur : Recueilli par Jean-Pierre Dorian