CONSEIL MUNICIPAL. « Sincère et réaliste » pour la majorité, « comptable et au rabais » pour l’opposition qui a voté contre : le budget primitif a donné lieu à quelques envolées
Bienvenue dans le monde du Power Point et des camemberts. Ce monde où majorité et opposition ne pourront jamais tomber d’accord et même sans retransmission radio en direct (panne due aux ondes négatives du Power Point ?), échangeront toujours des mots doux sur le dos de la dureté des chiffres. Bienvenue donc au premier (vrai) budget primitif présenté par l’équipe de Geneviève Darrieussecq, puisque celui de 2008 l’avait été peu de temps après l’élection de mars dernier, sans que la nouvelle équipe en place ait vraiment eu le temps d’affiner ses camemberts…
Là, c’était du sérieux, du carré, du pointu. Du Jean-Pierre Pinto, adjoint aux finances aussi didactique que scrupuleux, qui s’était fendu d’une note explicative censée rendre plus abordable sa longue démonstration. Évidemment, elle n’a pas convaincu l’opposition. Elle a même fait polémique, Renaud Lagrave s’indignant en bon porte-parole d’y découvrir « des éclaircissements demandés en vain en commission des finances. Quand j’entends parler de transparence depuis des mois, là, je tombe de l’armoire. »
En bas, Geneviève Darrieussecq veille à ne pas amortir la chute : « Nous n’étions en aucun cas tenu de vous remettre ce document. cessez de vous plaindre, vous êtes une opposition bien traitée. » Et son adjoint aux finances d’en remettre une couche. « Ce document, c’est mon pense-bête. Avez-vous photocopié pour tous les élus les notes que vous vous apprêtez à lire ? »
Déjà agacé, Renaud Lagrave ne peut dès lors que bouillir de plus belle. Et l’élu socialiste de fustiger « un budgetcomptable et au rabais, qui ne prépare pas l’avenir de notre ville en laissant si peu de place à l’investissement. »
Emmanuelli et Jullian
Cela n’étonnera personne, mais Geneviève Darrieussecq avait un peu plus tôt qualifié le même objet de « budget sincère, sans affichage et réaliste », soulignant qu’il n’y aurait « pas d’augmentation du taux d’imposition ». Profitant de sa tribune préalable, elle épinglait une fois de plus la Communauté d’agglomération du Marsan et son président Jean-Pierre Jullian, qualifié de « rigide » pour sa position sur le fonds de compensation reversé par la CAM à la ville de Mont-de-Marsan, « bloquée à 6,3 millions d’euros depuis des années, quand la ville rapporte 9,5 millions de taxe professionnelle. »
Après un petit clin d’oeil à Henri Emmanuelli et au Conseil général, que le maire de Mont-de-Marsan souhaite voir « aussi généreux avec nous qu’ils l’ont été avec le maire de Dax, qui a pu acheter un terrain à 6 millions d’euros grâce à leur aide », l’heure était venue de donner quelques détails sur ce budget primitif de 42 928 941 euros.
34,98 millions d’euros en fonctionnement et 7,95 en investissement, voilà pour les grands traits. Avec un objectif clairement entonné par Jean-Pierre Pinto : « modifier radicalement et structurellement la façon dont la ville est gérée. »
La bataille ne pouvait donc que faire rage, Renaud Lagrave dénonçant point par point le moindre euro gratté ici ou là. « J’ai bien compris que tout était à jeter », soupirait alors Geneviève Darrieussecq, avant que son adjoint aux finances ne reprenne la calculette. « À la louche, vous nous demandez 3,2 millions d’euros en plus, mais où les trouvez-vous ? »
Fulminant, « face à cette caricature extrême », l’élu PS manquait de peu de citer Barack Obama, avant de se raviser devant le début de bronca… « Yes, we can » n’est visiblement pas un slogan parfaitement traduisible en Montois.
Auteur : jean-pierre dorian
j-p.dorian@sudouest.com