il faut continuer à signer la pétition en ligne sur le site:
http://www.planning-familial.org/petition-defense-loi-neuwirth/index.php
PLANNING FAMILIAL. L’association propose des animations pour le 8 mars, la Journée de la femme. Même si le coeur n’est pas aux réjouissances, réductions budgétaires obligent
Le 8 mars, la Journée des femmes est un peu leur fête. Puisque depuis cinquante et un ans, le Planning familial se bat pour améliorer leur condition. Une date que le binôme aux manettes de la structure, Luce Dalle et Florence Ziegelmeyer, n’aurait pas laissé passer. Au programme, la projection du film de Claire Simon, « Les Bureaux de Dieu » évidemment. À Mont-de-Marsan, Pontonx-sur-l’Adour, Dax, et Morcenx. Mais aussi une exposition de dessins sur la mode au XXe siècle, réalisée par les élèves du lycée professionnel Wlérick.
Restrictions budgétaires
Sauf qu’au Planning familial, l’ambiance n’est pas à la fête. Du tout. Avec la funeste annonce, tombée comme un couperet il y a quelques semaines, pas de quoi se réjouir en effet. Les filles l’attendaient, elles le savent désormais : l’une des deux salariés du Planning va être licenciée fin mai, début juin. La faute au nouveau gouvernement, qui sucre les budgets de la plupart des associations de prévention. « 23 centres du Planning ont déjà fermé », regrettent-elles.
Pour les filles, la pilule est d’autant plus amère qu’elles constatent au jour le jour des situations critiques sur le terrain. « Les besoins ont en effet tendance à augmenter », commentent-elles, évoquant des « problématiques lourdes » évoquées lors d’entretiens anonymes et gratuits. Des problématiques oubliées qui réapparaissent, faisant craindre une vraie régression sociale. « Par rapport à la loi sur la contraception et l’IVG » par exemple. De plus en plus nombreuses les femmes désemparées qui frappent à leur porte parce qu’on leur refuse une interruption de grossesse dans le délai légal de 12 semaines, le médecin invoquant « la clause de conscience professionnelle », à 10 semaines. De plus en plus fréquent le refus des avortements thérapeutiques. De plus en plus fréquent les femmes qui décident de mettre fin à une grossesse hors délai. Et qui se réfugient hors des frontières. En Angleterre, en Espagne… « Cette année, nous avons eu 120 contacts pour des IVG hors délai ». Des femmes obligées de mettre fin à leur grossesse pour des raisons économiques trop souvent. « Ou alors le temps d’obtenir un rendez-vous avec le médecin, elles se retrouvent hors délai. » Et plongées dans la détresse.
Fin des interventions scolaires
Mais ce n’est pas tout. « Nous sommes un mouvement d’éducation populaire et à ce titre intervenions en milieu scolaire pour évoquer la sexualité. Il y avait jusque-là en effet la volonté politique d’informer les jeunes sur la contraception, les MST… ». Très clairement, le sens du vent a changé. « Cette année, on nous a supprimé la moitié des budgets dédiés aux interventions dans les lycées. Alors, pour survivre, on a élaboré une grille tarifant nos prestations, mais l’Éducation nationale n’a pas non plus les moyens de payer. Donc nous n’interviendrons plus ».
Mères à 15 ans
Une nouvelle qui tombe d’autant plus mal que les jeunes sont les premières victimes collatérales de cette société qui fait marche arrière. Premier stigmate d’un phénomène pour le moins inquiétant : « le nombre croissant de très jeunes filles sans emploi dont le seul projet de vie consiste à faire un enfant. Elles ont 15, 16 ans. » En ce moment par exemple, dans un lycée landais, pas moins de trois grossesses désirées et volontaires sont en cours… « Ces jeunes filles ont ainsi l’impression d’avoir un rôle social en étant maman. Et puis toutes catégories sociales confondues, il y a encore des parents qui refusent la pilule à leur fille tout en acceptant qu’elle ait un copain et même qu’ils partent en vacances ensemble. » Sans parler de la violence des représentations sexuelles chez les jeunes, habitués aux images pornographiques.
Une génération privée de repères sexuels, auquel un Planning familial affaibli devra faire face.
Auteur : AUDE FERBOS
a.ferbos@sudouest.com