PARTI SOCIALISTE. Numéro 1 de la liste départementale, Renaud Lagrave présente aujourd’hui l’ensemble des candidats landais. Et allume les premières mèches du débat
« Sud Ouest ».
Vous qui aviez annoncé votre liste en novembre, qu’avez-vous pensé des tergiversations del’UMP, par exemple ?
Renaud Lagrave. Ce qui me choque vraiment, c’est de voir que les choix qui sont faits ne le sont pas par des militants landais, ni aquitains, mais tombent de Paris. Si j’ai bien compris, nous aurons donc affaire avec « M. Sarkozin » (ndlr : Arnaud Tauzin, vous l’aurez reconnu), cow-boy solitaire au milieu d’une tribu d’Indiens qui ont très envie d’en découdre ! Je note aussi le début de campagne assez surréaliste de M. Darcos, qui nous dit que l’Aquitaine n’est pas connue à Los Angeles ou Tokyo : je vois bien où il veut s’échapper, mais je crois que les Aquitains sont plus préoccupés par les problèmes d’emploi et qu’ils ne seront pas dupes. C’est bien l’homme qui a décidé de faire classe aux enfants le samedi matin et d’ouvrir les magasins le dimanche, celui qui n’a de cesse de casser le pacte social.
On reproche aux Landes d’être une « réserve » et dimanche, un 25e conseiller général socialiste (1) est venu grossir les rangs de la majorité départementale…
Cela m’inspire trois remarques : il y a d’abord la volonté des électeurs de garder le département à gauche, mais aussi leur attachement au Conseil général et à leurs élus de proximité. 60 % de participation pour une partielle, c’est énorme. Et puis surtout, l’UMP a encore brillé par son absence : on ne peut pas se plaindre du prétendu manque de démocratie dans le département et ne pas se soucier d’un canton rural comme celui-là en ne présentant aucun candidat. Voilà qui en dit sur le respect du parti du gouvernement sur les gens qui vivent là…
Suivez-vous également les tribulations du Modem ?
J’ai surtout bondi en entendant M. Lassalle dire ce week-end qu’il fallait décider d’arrêter la LGV à Bayonne ! À cause de revirements électoraux, on est en train de plomber ce dossier dont tout le monde sait, le Modem en tête, qu’il est impossible à saucissonner ! C’est un très mauvais coup porté aux Landes. Évidemment, sur la LGV, il faut encore discuter avec les gens concernés, mais personne ne doit perdre de vue l’importance d’un projet central, que même Jacques Papon, élu vert régional, a voté en son temps.
Vous retrouver une nouvelle fois face à Geneviève Darrieussecq, dont vous êtes l’opposant n°1 à Mont-de-Marsan, est-ce un challenge de plus ?
Je n’ai jamais été directement face à elle, ni aux municipales, ni aux Européennes. Pour le reste, je n’oublie pas qu’en 2004, la liste opposée au PS était une liste UMP-Modem. Et que le « ni droite, ni gauche » prôné par ce parti se transforme vite en « ni gauche, ni gauche » quand il s’agit de gérer les Pyrénées-Atlantiques, la mairie de Bordeaux ou celle de Mont-de-Marsan… Cela s’appelle tromper les électeurs. Pour moi, il n’y a pas un sortant de l’opposition, il y en a deux.
Après, je souhaite qu’il y ait des explications franches avec nos adversaires, nous, socialistes, sommes prêts au débat. Et à défendre le bilan d’Alain Rousset.
Quels seront les grands axes de votre campagne ?
C’est d’abord la première fois que les régionales sont découplées de tout autre événement électoral : c’est une chance pour la Région, cette institution récente dont on méconnaît les compétences. On veut donc d’abord appeler à voter, mais pas sur n’importe quel sujet. On veut parler du rôle essentiel de la Région dans les domaines de l’emploi, du logement, de la santé. Une des priorités doit être de conserver l’emploi industriel en Aquitaine. Nous sommes une sorte de bouclier qui tranche avec la politique du gouvernement, qui se désengage ou transfère.
Dans les régions où la gauche est majoritaire, on ne fait pas comme si on n’avait rien vu, on démontre qu’une autre politique est possible. Et depuis 12 ans, Alain Rousset a sillonné le territoire, a été présent partout. C’est un accro de l’innovation et du développement économique, on a de quoi en être fiers : ce n’est pas un hasard si le taux de chômage en Aquitaine, en particulier dans les Landes, est inférieur au taux national.
Et comment vous positionnez-vous par rapport à vos ex-partenaires d’Europe Écologie ?
Je suis de ceux qui regrettent que la gauche ne soit pas partie unie, avec Verts et PC, dès le premier tour. Nous aurons 36 heures pour nous mettre d’accord entre les deux tours… On a gouverné six ans ensemble, on partage le bilan et notre voeu autant que notre stratégie est bien de rassembler toute la gauche au second tour. Il faut gagner la région, la garder à gauche ; le premier sondage qui m’intéresse est celui du soir du premier tour.
D’ici là, on va rencontrer les gens, discuter, répondre et convaincre. Nous sommes prêts à la confrontation avec Darcos et ses cow-boys, avec le Modem aussi. Peut-être y aura-t-il fusion entre-temps ? Nous, on s’adresse à notre opposition de droite.
(1) Jean-Marie Boudey, élu au premier tour sur le canton de Sore.
Auteur : Recueilli par Jean-Pierre Dorian
j-p.dorian@sudouest.com