Le constat est partagé par tous les observateurs de la vie politique : les Landais, comme les autres citoyens français, n’aiment pas se faire dicter les consignes de vote et ne suivent pas en majorité les conseils des responsables. Dans le département, quatre parlementaires sur cinq, le premier secrétaire fédéral du PS et de nombreux élus locaux avaient appelé à voter Martine Aubry.

Finalement, comme dans la grande majorité de l’Hexagone, c’est François Hollande qui vire en tête au premier tour de ces primaires. Il réalise dans les Landes l’équivalent de son score national avec un peu plus de 39 % des suffrages. Petite consolation : Martine Aubry totalise presque deux points de plus que la moyenne nationale avec 32,55 % des voix. À Mont-de-Marsan, elle fait quasiment jeu égal avec François Hollande. Elle est en tête à Gabarret, à Mimizan, à Labouheyre, à Eugénie-les-Bains, à Sabres, à Saint-Julien-en-Born et à Saint-Pierre-du-Mont.

Montebourg et l’aile gauche

Où sont allées les voix aubrystes ? Probablement chez Arnaud Montebourg (qui fait l’équivalent du score national) où dans les Landes plus qu’ailleurs, ses propositions ont sensibilisé l’aile gauche du Parti socialiste. Rappelons que Benoît Hamon et Henri Emmanuelli qui représentent la gauche de la gauche défendent la majeure partie des mêmes thèmes que le « troisième homme » de ces primaires, avec un simple écart de sémantique. C’est pourquoi le député et président du Conseil général landais martèle que le courant qu’il défend n’a pas présenté de candidat pour ne pas éparpiller les voix de Martine Aubry. Sous-entendu, Arnaud Montebourg ne s’est pas gêné pour y aller. Ses voix vont-elles se retrouver chez Martine Aubry dimanche ou chez le candidat qualifié de « plus modéré » ? C’est évidemment tout le débat qui anime ce début de semaine, à l’échelon local et national.

Renaud Lagrave, premier secrétaire fédéral, espère, bien sûr, que les électeurs se tourneront majoritairement vers Martine Aubry. « Les Landais aiment la politique et Arnaud Montebourg est de ceux qui font de la politique. Il a porté des propositions qui sont celles qui font partie du corpus d’Henri Emmanuelli et de Benoît Hamon depuis une vingtaine d’années. La démondialisation, la relocalisation des productions, ce sont des débats que l’on a eus souvent ensemble, ce n’est pas nouveau et c’est une bonne chose qu’il en parle. »

« Un choix politique »

Renaud Lagrave ne veut pas entendre parler « d’arrangements » entre les deux tours. Il demande juste aux électeurs de revenir voter dimanche pour « se déterminer sur un choix politique, savoir qui pourra rassembler l’ensemble de la gauche et sera le plus à même de porter ce discours ».

Pour lui, pas de doute, c’est Martine Aubry. « Pour des questions de fond et des questions stratégiques, c’est elle qui a le plus de chances aujourd’hui de l’emporter face à Nicolas Sarkozy en 2012. » Car Renaud Lagrave ne perd jamais de vue l’objectif de ces primaires : « Les gens nous le disent, l’important, c’est avril prochain. » Il attend aussi beaucoup du débat de demain soir entre les deux candidats pour convaincre les gens de voter en faveur de Martine Aubry.

Mobilisation

« 22 000 électeurs, c’est un signe très fort, mais il en faudra encore plus dimanche », espère-t-il. Le sentiment est partagé par Henri Emmanuelli qui souhaite que l’élan de dimanche soit suivi d’une ferveur populaire encore plus dense en fin de semaine. Le PS landais va motiver les troupes, même si la semaine s’annonce courte, pour convaincre les électeurs.