« La haie est plus haute » Le FN : « Un parti raciste »
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Publié par cedric - le 10/03/2015
« La haie est plus haute » Le FN : « Un parti raciste »

Banquet, vendredi, pour les militants socialistes qui redoutent l’abstention et le vote FN.

Article paru dans Sud Ouest Landes

e.saint-genez@sudouest.fr

Si Henri Emmanuelli avait jeté l'éponge politique, il aurait pu entamer une seconde carrière dans le one-man-show, à en juger par le nombre de fois où ses bons mots et ses formules acides ont fait rire aux éclats les 950 convives attablés dans la salle polyvalente de Narrosse, vendredi soir. La commune du Grand Dax n'avait pas été choisie au hasard : elle est une des rares communes landaises à avoir été « arrachée à la droite » lors des dernières municipales.

Mais à quinze jours du premier tour des élections départementales, l'heure est grave et les visages socialistes se referment vite à l'idée que le Département, ancré de si longue date à gauche, puisse virer de bord. « Si la haie n'était pas un peu plus haute que d'habitude, je ne serais pas là », confirme le président du Conseil général et chef de file des candidats Les Landes en avant. « Mais ce n'est pas le moment de tourner le dos. On va y aller de face pour sauter cette haie. Il ne faut pas que ce Département bascule à droite. »

« Soyez fiers ! »

Peur diffuse qu'il tombe dans l'escarcelle de « la Dame du Marsan » et de « Sarkozin ». C'est ainsi que le premier secrétaire fédéral du PS, Renaud Lagrave, a rebaptisé Geneviève Darrieussecq et Arnaud Tauzin, les maires MoDem et UMP de Mont-de-Marsan et Saint-Sever, figures de Couleurs Landes : « Ils voient plutôt les Landes en noir et blanc ! Nous, nous avons un candidat à la présidence, mais eux, on ne sait pas. La moindre des choses serait d'être transparents. »

Sur la liste des « adversaires » des socialistes, le premier reste pourtant l'abstention (lire ci-contre). « Dans les quinze jours qui viennent, il faut aller voir tous ceux qui vous disent que c'est perdu, que ce n'est pas la peine d'aller voter », poursuit Renaud Lagrave, qui a retrouvé l'accent du combat, après avoir connu la tentation de la démission, il y a moins d'un an. « Il faut que vous soyez fiers de ce qu'a fait le Département, parce que nous sommes copiés, imités, même par des Départements de droite. Oui, nous avons toujours innové et nous continuerons. »

« Une gestion de gauche » que le maire de Dax et vice-président du Conseil général, Gabriel Bellocq, s'est chargé d'illustrer à la tribune, taclant à son tour les concurrents : « Je lis dans leur prose que le Département n'a pas créé suffisamment de crèches. Je rappelle que l'initiative de création d'équipements pour la petite enfance relève des communes et de leurs CCAS ! » Via la Protection maternelle et infantile (PMI), le Département assure l'agrément et le suivi de quelque 2 200 assistantes maternelles accueillant plus de 6 700 enfants. « Entre ce réseau et les crèches, nos capacités d'accueil sont supérieures de 50 % à la moyenne nationale, selon un rapport de la Cour des comptes, en 2013 », précise le maire de Dax.

Même plaidoyer pour la politique en faveur des personnes âgées, avec primauté réaffirmée aux structures publiques : « Aujourd'hui, dans nos Ehpad, le prix de journée est au maximum de 60 euros, quasiment deux fois moins que celui des Ehpad privés qu'on peut trouver dans d'autres départements. »

Au tableau des bons points, Gabriel Bellocq note aussi la construction de quatre collèges en six ans, la gratuité des transports scolaires qui ferait économiser 750 euros par an et par enfant aux foyers landais, des tickets de cantine proposés à 2,70 € contre un coût de revient de 6,15 €…

Des mesures « en faveur du pouvoir d'achat » que la majorité départementale compte prolonger par un pack jeunes, avec une aide à la complémentaire santé pour les étudiants, au financement du permis de conduire et la poursuite des prêts d'honneur. « On prend l'habitude de tout et tout devient ordinaire. Il faut dire autour de vous que tout cela ne tombe pas du ciel mais résulte de la volonté du Département ! », insiste l'élu dacquois.

« Des malentendus »

Mais le nerf de la guerre, c'est l'emploi. Henri Emmanuelli en est convaincu : « Tant que le niveau de chômage sera élevé et que des signes d'espoir n'apparaîtront pas, cela sera difficile. Face à cela, notre projet tient en deux mots : action et solidarité. A priori, nous n'avons pas de compétence pour l'emploi, et pourtant, c'est 50 % de notre activité. »

Le président du Conseil général s'est à nouveau fait le chantre des zones d'activité, comme la si décriée Atlantisud, à Saint-Geours-de-Maremne, ou la future Agrolandes, à Haut-Mauco : « Ces zones et les syndicats mixtes ne sont qu'une façon de se substituer à l'absence de l'initiative privée. Nous sommes des promoteurs de long terme. »

Le président reconnaît, en revanche, « des malentendus entre nous et les Landais », vu la levée de boucliers face à la vague artificielle et au projet de golf à Tosse : « Le tourisme, c'est un milliard de chiffre d'affaires, deux millions de touristes dans un département qui est aussi le premier thermal de France. Il s'agit seulement de créer des destinations touristiques. Mais nous avons un problème de communication avec une partie de l'opinion qui ne comprend pas. »

Quant à la solidarité, consubstantielle d'un département classé à gauche, Henri Emmanuelli prône une gestion drastique, pour éviter les procès en assistanat : « On nous a fait remarquer que nos dépenses sociales étaient faibles. Parce que nous avons proportionnellement moins de Rmistes que dans d'autre départements et que nous avons toujours été très rigoureux. C'est de notoriété chez les candidats à la triche. Parce que le pire ennemi de la solidarité, c'est le laxisme dans sa gestion. »